L'ouvrage
Le Fort de Manonviller est un des 400 ouvrages construits de 1874
à 1914, sur près de 1000 km de
frontière terrestre entre la Mer du Nord et la Méditerranée ainsi que
sur plusieurs
milliers de kilomètres de côtes, dans le cadre du plan de défense
Séré de Rivières.
Partie intégrante du système fortifié de première
ligne l'ouvrage est un fort dit "d'arrêt" constituant
le trait d'union entre les ouvrages du rideau défensif des camps retranchés de
Toul et d'Epinal.
Situé au
Nord-Est de Lunéville (54) il a pour but de barrer, entre la forêt de
Parroy au nord et celle de Mondon au sud, le passage emprunté par la voie
ferrée et la route nationale reliant Paris à Strasbourg et diverses pénétrantes
La
construction du fort, de son
véritable nom "Fort
Haxo", débute en
1879. Réalisé
en maçonnerie comme ceux
de son époque, l'ouvrage
de forme pentagonale est entouré
par un fossé large de
11 à 12 mètres.
Profond de plusieurs mètres,
il est battu par 5 caissons
de contre-escarpe équipés
de canons revolvers de 12 culasses
agisant en flanquement.
Dès
1880, les ingénieurs
militaires imaginent d'ajouter
à certains ouvrages des
tourelles tournantes en fonte
dure, à rotation continue,
dites "tourelles Mougin"
pour 2 canons de 155 de Bange.
Le fort de Manonviller,
dont l'artillerie était
jusqu'à placée
à l'air libre sur des
crêtes de feu, est ainsi
doté
de 2 de ces tourelles.
En
1885, l'invention d'un nouvel
explosif brisant impose le renforcement
des ou- vrages venant
à peine d'être
achevés. Une fois de
plus Manonviller aura le privilège
d'en faire partie et dès
1892 du béton spécial
est coulé dessus et autour
des maçonneries existantes..
L'armement
est également renforcé
par l'adjonction de deux tourelles
à éclipse pour
2 canons 155 R système
"Galopin" d'une portée
de 7,200 km, de deux tourelles
de 57 de marine, et d'une tourelle
à mitrailleuse "Gatling"
armée d'un canon revolver
à 7 canons de fusils
type 1865. Ces travaux furent
achevés en 1895.
Pour
tenir compte des enseignements
tirés de la guerre russo-japonaise
l'organisation fut complétée
par : une grille en fer le long
de l'escarpe et des amorces
de contre-mines, par des passages
bétonnés reliant,
sous le fossé, les coffres
de contre-escarpe aux casemates;
par la réalisation d'épaulements
bétonnés pour
les mitrailleuses.
De
plus, deux projecteurs à
éclipse furent conjugués
avec deux cloches-observatoires.
En
1913, l'ouvrage reçut
une centrale électrique
à moteur diésel
et d'un système d'évacuation
de l'air vicié. Une ligne téléphonique
enterrée reliait l'ouvrage
à la
place de Toul . La communication
avec le fort de de Pont St Vincent était
assurée
par signaux optiques et pigeons
voyageurs.
Le
fort de Manonviller avait pour
mission particulière
de :
1) participer
à
la couverture de la concentration,
de concert avec l'unité
d'active,
2) de
servir d'appui aux troupes engagées
dans les environs,
3) en
cas d'avance ennemi de retarder
pendant un temps limité
la marche de leurs armées
à travers le couloir
séparant les forêts
de Parroy et de Mondon
Véritable
sentinelle postée
à 11 kilomètres
de la frontière, l'ouvrage
jouissait de vues dépassant
la portée de ses pièces
lourdes. Tel qu'il se présentait
le fort de Manonviller inquiétait
les Allemands qui le considéraient
comme extrêmement solide
voire même invulnérable.
Sa situation dominante
présentait cependant
de sérieux inconvénients
; d'une part les organisations
en superstructure se découpaient
à l'horizons et d'autre
part l'ouvrage était
totalement isolé faisant dire, au général
Langlois , qu'il était
inutile.
Foch, commandant le
XX° Corps d'armée,
avait quant à lui émis des doutes
sur sa capacité de résistance
et début 1914 lors d'une
inspection avait dit ""
En cas d'attaque tirez systématiquement.
Ce n'est pas pour les 2 ou 3
heures que vous aurez à
tenir qu'il faut ménager
les munitions. Votre fort claquera
en cinq sec"
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