La Grande Guerre en Lorraine

 

  La Chute du Fort de Manonviller         27 AOUT 19    

      

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Kronprinz Rupprecht de Bavière

Commandant la VI° Armée allemande, composée des Ier, II°, III°, et XXI° Corps bavarois et deux divisions de cavalerie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  Archives départementales de la Moselle

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Obusier de 420

surnommé "Dicke Bertha" 

 CollectionFranz Josef Zimmer 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  CP collection Gautier - canon de 75 Contre-offensive du 25/8/1914

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Guides illustrés Michelin des champs de bataille

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dessuss du fort avec plan des tirs des 305

et 420

 

  Voir les plans à partir desquels ont été réglés

les tirs et l'assaut

 

 

 

 

 

 

 

 

Obus de 420,à côté d'obus de 77 et 75 -Collection R.Gautier

 

 

 

  

 

 

 

 

Général Von Brug et son Etat major devant

une tourelle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 Voir les dégats occasionnés

par les tirs et destruction

Le corps de siège .

 

   Le corps de siège, confié au Général Von Brug, commandant les Pionniers de la VI armée allemande, comprenait :

 

- la 2ème brigade de réserve d'infanterie bavaroise (3ème et 12ème Rgt),

- l' artillerie du général Kreppel  composée initialement de :

 

-3 groupes de mortiers de 210, chaque groupe à 2 batteries de 4 pièces soit :

24 mortiers

-3 groupes d'obusiers de 150 à 4 batteries de 4 pièces soit 48 pièces.

- un groupe d'artillerie de campagne à 3 batteries de 6 pièces ;

- la batterie de canons lourds de 305 Von Théobald et la batterie de 420 Solf.

-2 régiments de pionniers (le 19ème et le régiment de Pionniers bavarois à 2 bataillons)

avec un équipage de siège  doté d'outils, d'échelles d'assaut et de d'explosif.

 

Diverses unités  à savoir 1 détachement d'aérostiers, l'escadrille de forteresse de Germersheim ; des télégraphistes, des sapeurs du chemin de fer, etc..

 

       L'artillerie fut répartie en deux groupements :

  Au nord : celui du Lt-Colonel Mummenhoff avec 16 obusiers de 150 et 8 mortiers de 210 et  deux pièces   de 420

  Au sud : celui du Lt-Colonel Gastmayer avec 16 obusieurs de 150, 16 mortiers de 210

et  les deux pièces  de 305.

 

      La contre-offensive française du 25 Août 1914 conduisit le commandement allemand à réduire progressivement le corps de siège, qui à la fin ne comprenait  plus que :  2 bataillons d'infanterie, les 2 régiments de pionniers, deux groupes de 210, les pièces de 305 et de 420 et les unités diverses.  

 

Déroulement du siège

 

      Avant la guerre les Allemands s'étaient procurés les plans de l'ouvrage et l'attaque avait fait l'objet de nombreux "Kriegspiel" auxquels  avaient assisté les responsables de l'attaque. La décision avait été prise dès le temps de paix d'enlever le fort en 3 jours maximum.

 

22 Août, à 3 heures Lunéville est occupée par le 21° Corps allemand et le repli français se poursuit  isolant de plus en plus le fort .Dans le même temps, le général Von Brug prescrit de réaliser le plus tôt possible l'encerclement de l'ouvrage. « Le 3 ème régiment de réserve bavarois  progressera par le nord sur l'axe Emberménil-Laneuveville-aux-Bois ; le 12 ème régiment par la vallée de la Vezouze, tandis que l'artillerie reconnaîtra les positions de batteries, leurs chemins d'accès et les observatoires ».Toutes les troupes du corps de siège serrent alors vers l'avant en évitant de se voir par les observateurs français.

 

23 Août, l'encerclement se poursuit et toute circulation est interdite aux civils que le commandement allemand fait rassembler dans les églises.. Une colonne du 97 ° R.I allemand,  se déplaçant de Croismare vers Marainviller, est contrainte de se replier pour éviter les tirs du fort, dont une patrouille réalise une coupure sur la voie ferrée près de la gare de Laneuveville.

 

24 Août, l'encerclement se resserre et des accrochages se produisent dans le village de Manonviller où le sergent Beaumont est blessé ; 1 de ses hommes tué. Des cavaliers ennemis qui s'étaient avancés près du fort se retirent après avoir perdus deux chevaux tués.

  L'aménagement des positions se poursuit ; les lignes téléphoniques sont installées et les observatoires camouflés, cependant les pièces de 305 ne pourront être prêtes que le 26 Août

  Le groupe d'artillerie de campagne, en position à l'est de la ligne Leintrey-Reillon-Blémery. couvre le déploiement de l'artillerie dont les batteries lourdes sont rapprochées pour être  amenées de nuit sur leurs positions..

  Ces mouvements échappent aux observateurs du fort mais gênent sérieusement le déplacements des troupes engagées dans les combats de la Trouée de Charmes..Un groupe de 150 (1/13°RAP ) est remis à disposition de son corps d'armée d'origine.

  Les incendies qui ravagent Domèvre retardent le ravitaillement en munitions des groupes du lieutenant-colonel Gastmayer. L'ouverture du feu prévu pour le 25 à 6 heures est par conséquent repoussée à 10 heures 30 (heure allemande).

 

25 Août, La nuit a été calme dans l'ouvrage complètement isolé. Depuis le  ballon captif qui s'élève depuis 7 heures du matin, au dessus  du château de Grand-Seille, on signale la présence de silhouettes sur les parapets du fort . Les hommes semblent ne se douter de rien. Leur attention paraît attirée par les rudes combats qui se livrent plus au sud et qui contribueront à l'arrêt de l'avancée allemande.

 

A 09 heures 30, 68 bouches à feu  (12 de 77, 32 de 150, 24 de 210) se déchaînent sans réglage dans un bruit d'enfer.

Dans l'ouvrage, où un officier est blessé, chacun gagne  son poste de combat. La  fumée et la poussière provoquées par les éclatements gênent considérablement  les observations et  l'on doit  fréquemment dégager les fentes de visées obstruées par la terre.

A 11 heures, Des dégâts sont signalés un peu partout. : la calotte de fonte de la tourelle Mougin-Sud est arrachée., les deux pièces  de 155 sont inutilisables, un passage bétonné sous le fossé est crevé, le poste optique est hors d'usage tout comme la boulangerie.

 

   Un obus éclate sur l'abri à munitions des canons et la deuxième tourelle Mougin est immobilisée par des blocs de béton ; elle ne sera dégagée que durant la nuit suivante.

  Par ailleurs, plusieurs effondrements sont signalés dans la gaine circulaire, l'installation d'aération est mise hors service et il n'y a plus de  liaison  avec le fort de  Pont-Saint-Vincent.

 

   Le bombardement se poursuit à cadence rapide. Les mortiers de 210 s'attaquent aux tourelles alors que les obusiers de 150 s'en prennent  aux  parapets, réseaux de fil de fer, et cloches d'observations. Pour empêcher les réparations les canons de 77 tirent des obus fusants sur le fort.

 

A 13 heures 45, malgré ce déluge d'acier l'artillerie du fort intervient  contre les hauteurs de la région de Vého.

 

 A  15 heures, depuis son quartier général de Pont-Saint-Vincent, le général De Castelnau lance   la contre-offensive française ponctuée par un énergique mot d'ordre « En avant, partout et à fond !« 

 

    La situation devient rapidement critique dans le camp allemand ; des unités refluent et une panique se produit à l'arrière. Des convois se replient jusqu'à Château-Salin qui est mis en état de défense. Pour faire face à la situation,  le 3° R.I, le 1er bataillons du 12ème  R.I. ainsi que deux groupes de 150 sont prélevés sur le corps de siège pour être engagés dans la bataille.

 

   Toutes les troupes  font mouvement de nuit sans avoir pris de repos. Les fantassins sont relevés au nord par le 19ème régiment de pionniers et au sud par le régiment de pionniers bavarois. Au cours de la nuit, l'artillerie continue le bombardement entrecoupé par des pauses.  Des coups partent également du fort contraignant une compagnie qui s'en était approché à se replier vers Vého.

 

  Malgré une grande activité et d'importants moyens mis à sa disposition la batterie de 420 du capitaine Solf  ne sera pas prête dans les délais prévus. Par contre l'installation des pièces de 305 s'achève durant la nuit..

 

26 Août, Les pionniers continuent à avancer  et à resserrer l'encerclement. Au petit jour, les pièces de 305, qui ont pour mission de battre la partie sud du fort, ouvrent le feu.

« Au lever du jour, il y avait encore beaucoup à faire, mais 1 canon au moins devait être prêt au cours de la matinée, l'autre quelques heures plus tard. - Nous dûmes attendre fort longtemps avant de recevoir notre objectif et l'ordre d'ouvrir le feu  - Enfin le  1er coup part .

   A côté du fort s'élève une énorme colonne de fumée noire. « Augmentez de 10, » Feu «  Le 2ème coup était en direction, le nuage de fumée émergea derrière la tourelle - On raccourcit le distance - le nuage suivant masqua  la tourelle - puis le feu se poursuivit régulièrement coup par coup sur le fort. (Capitaine Solf)

 

A 9 heures 00, la tourelle Mougin-Nord a sa calotte disloquée, près d'elle une tourelle de 57 est atteinte et coincée. Une tourelle à éclipse de 155 tire quelques coups au jugé

   Les fumées des explosions proches pénètrent dans cette tourelle .et provoquent des intoxications.

   Plus bas, un obus de gros calibre touche le coffre du fossé de gorge. Le front de gorge pris en enfilade subit lui aussi d'importants dégâts et la porte blindée du fort vole en éclats  vraisemblablement sous l'effet d'un 210 ; le pont-levis est disloqué.

 

Après midi : Une violente explosion secoue une casemate d'officier et la dernière tourelle de 155 est immobilisée.

   Le général Von Brug envisage d'ordonner l'assaut  le 27 au lever du jour Renseigné régulièrement,  par les observateurs du ballon captif sur les destructions de l'ouvrage, il donne l'ordre aux pièces de 305 et de 420 de continuer le tir jusqu'à la tombée de la nuit pour rendre la partie droite du fort »mûre » pour l'assaut.

 

   Mais les tirs concentrés sur les champs de mines et les réseaux de fil de fer se poursuivront de nuit à cadence réduite. Ils  seront entrecoupés de pauses de feu pour permettre des reconnaissances, la destruction du réseau de fil de fer et  d'approcher le matériel d'assaut. Les  ordres pour l'assaut. sont données par les commandants de secteur.

Au cours de la nuit les reconnaissance furent accueillies par des tirs de boites à mitraille de la tourelle de 57 commandée par le Maréchal des logis Perotte. A la suite de quoi le commandement allemand  estima que le fort n'était pas encore « mûr »  et reporta l'assaut au 28 Août et à partir de  3 heures les mortiers exécutèrent un violent bombardement.

 

27 Août, au petit jour, les Allemands déterminent  la position  d'où partira l'assaut.

 

- 5 heures  00, le ballon  avance et s'établit à 1200 nord-ouest de Chazelle.

 

- 7 heures 00, la VI ème armée prescrit de mettre un groupe de 210 à la disposition du 2ème Corps d'armée Bavarois, dont la situation au sud de Lunéville est critique. Le 11ème groupe du 3ème RAP bavarois est désigné.

 

- 9 heures 00, le premier Conseil de Défense est réunit dans le fort de Manonviller et constate qu'un sortie est impossible.Dans le même temps les chefs de corps réunis à Vého, autour du général Von Brug, examinent la situation

 

- 10 heurs 20, des ennuis mécaniques  obligent le 420 à interrompre son tir et une des pièces reste immobilisée pendant. 1 heure ½ , l'autre durant 3 heures

 Dans le fort la situation se dégrade progressivement. Sans repos, ni sommeil et soumis à  d'importants travaux de dégagements des décombres, de transport des munitions, des intoxiqués, les hommes sont harassés.

 

- 12 heures 00 ,un obus de 420  écrase une casemate du front de tête et met plusieurs hommes hors de combat. L'ordre d'évacuation est donné. Un  autre coup sur la contre escarpe, près du coffre double crève la gaine d'accès.  Peu après la cloche de la mitrailleuse Gattling est  mise hors service; il ne subsiste plus qu'une tourelle de 57 mais son champ de tir  limité réduit ses possibilités.d'emploi.

 

- 13 heures 30, presque toute la garnison a reflué dans la caserne de gorge et 130 à 150 intoxiqués s'entassent à l'infirmerie.

Le bombardement allemand se poursuit et occasionne de nouveaux dégâts ; deux évacuations des  trois des moteurs diésels sont bouchés et une brèche se produit au dessus du magasin à munitions.

 

- 14 heures 00, une nouveau Conseil de Défense est réunit et après examen de la situation  il est décidé à l'unanimité de hisser le drapeau blanc.

 

- 15 heures 30, le drapeau blanc s'élève sur le fort de Manonviller ; les Allemands quittent les positions toutes proches et le colonel Lehmann, commandant les pionniers bavarois se porte à l'entrée du fort où il est reçu par le commandant . Durant ce temps la destruction des documents classifiés, de l'armement, système de visée etc. s'opèrent  dans le fort afin qu'ils ne tombent  pas entre les mains de l'ennemi

 

   L'ouvrage ne sera évacué que le lendemain  par les hommes à qui les allemands rendent les honneurs

 

                                                              square04_red.gifsquare04_red.gifsquare04_red.gifsquare04_red.gifsquare04_red.gif

 

    Alors qu'on ne lui avait pas donné plus de 2 à 3 heures d'existence, le fort de Manonviller avait tenu vaillammant durant   près de 52 heures sous le pillonage le plus intensif de ce début de guerre,.

 

     Le 12 Septembre les troupes allemandes  évacuent la région Lunévilloise après avoir détruit à l'explosif  les organes importants de l'ouvrage,

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Copyright   @ Roland Gautier - Décembre 2001    

 square04_red.gifsquare04_red.gif  Ce site est optimisé pour Internet Explorer 4 ou plus       square04_red.gif square04_red.gif

Sauf cas prévus à l'article L122-5 du code de la propriété intellectuelle, toute reproduction, représentation, traduction ou adaptation qu'elle soit intégrale ou  partielle quels qu'en soient les procédés le support ou le média   est strictement interdite sans autorisation du créateur de ce ste.

 

Pour voir les effets des tirs -cliquer ioci